Ces Gurkhas oubliés de la Couronne britannique

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LIEU : Région de Gorkha, Népal
PUBLICATION : Le Monde Diplomatique ( papier // web )


Il a fallu un film, « Indigènes », pour que, en 2006 seulement, la France s’émeuve de l’ingratitude dont ont été victimes les tirailleurs maghrébins et africains ayant participé à la seconde guerre mondiale dans les rangs de son armée. Faudra-t-il un Rachid Bouchareb britannique pour que le Royaume-Uni, autre puissance anciennement coloniale, « découvre » les Gurkhas, ses soldats népalais ?

Une rizière nichée au cœur du relief escarpé du Népal, non loin des neiges éternelles de l’Himalaya… Inlassablement, un frêle vieillard laboure ses quelques hectares de terre pentue et inhospitalière. Sa maigreur tranche avec l’ardeur dont il fait preuve pour sillonner le sol du soc de sa charrue traînée par son unique buffle à travers la boue. C’est à ce prix qu’il pourra récolter de quoi nourrir sa famille. Du riz ou du maïs principalement ; parfois du mil ou quelques pommes de terre.

Chaque soir, le labeur achevé, M. Managré Gurung s’assoit sur le perron de sa cabane et scrute le paysage en fumant quelques cigarettes ; l’un des seuls luxes que s’accorde ce paysan modeste. Mais n’est-il pas né dans l’un des pays les plus pauvres de la planète ?

Si l’on s’attarde sur son visage buriné, M. Gurung a le type tibéto-mongol de milliers d’anciens soldats népalais, les Gurkhas : des « braves parmi les braves » dont la devise, « Plutôt mourir que d’être lâche », fait autant frissonner que la vue de leur traditionnel couteau à large lame, le khukuri. En révolte au début du XIXe siècle contre la Compagnie anglaise des Indes orientales, définitivement vaincus en 1816, ils sont par la suite recrutés comme mercenaires par les Anglais, que leur vaillance a impressionnés. Lors de la grande mutinerie indienne des cipayes, en 1857 (1), la qualité des soldats népalais s’exprime tant et si bien qu’ils sauvent la mise aux Britanniques et que la Compagnie anglaise des Indes orientales intègre officiellement des régiments gurkhas. Ceux-ci participeront ensuite, pour le compte exclusif de Sa Très Gracieuse Majesté, à presque toutes les campagnes militaires, du XIXe siècle à nos jours, et, notamment, aux deux guerres mondiales. Leur nombre dans les régiments britanniques atteint alors des niveaux records, avec quelque cent mille hommes (2).

M. Gurung, lui, a servi en Malaisie (1948-1960), sans doute dans le sultanat de Brunei (1962), à moins que ce ne soit lors de l’invasion de Chypre par la Turquie (1974). Nombre de ses concitoyens ont participé aux opérations de la guerre des Malouines (1982). Plus récemment, ses fils ont revêtu l’uniforme dans le cadre de la première guerre du Golfe (1991), des opérations de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) au Kosovo et de l’Organisation des Nations unies (ONU) en Bosnie (1999). Ces soldats népalais servent toujours les intérêts de la Couronne sur les théâtres les plus dangereux de la planète, comme en Afghanistan et en Irak. Combats à maints égards contestables. Mais, lorsque chaque année ont lieu au Népal, l’un des quinze pays les plus pauvres du monde (3), les tests de sélection pour l’incorporation, les tenants et aboutissants du grand désordre mondial échappent passablement à ces hommes démunis de tout.

Dès lors, comment expliquer que ces individus qui ont sacrifié leur jeunesse, souvent leur santé, laissant famille et enfants pendant plusieurs années, soient, de retour au pays, quasiment laissés sans ressources ?


Comment accepter que deux soldats
servant côte à côte soient payés différemment ?

L’indépendance de l’Inde, en 1947, donna lieu à la rédaction d’un accord connu sous le nom d’accord tripartite (Tripartite Agreement) entre le Royaume-Uni, l’Inde et le Népal. Il stipule que, des régiments gurkhas servant alors la Couronne britannique, six rejoindront l’armée indienne, quatre autres la britannique. Depuis lors, le gouvernement du Royaume-Uni n’a cessé de recruter des soldats népalais.

De l’accord tripartite, il ressort que « le gouvernement du Royaume-Uni [accepte] d’utiliser les codes de paiement et les barèmes de salaire indiens comme base pour les officiers et soldats gurkhas ». En d’autres termes, les soldats de nationalité népalaise désormais employés par le ministère de la défense britannique (MoD) recevront le même traitement que ceux restés dans l’armée indienne ; ils ne pourront prétendre à l’égalité salariale avec leurs alter ego anglais, à exercices militaires, rangs ou grades identiques.

C’est sur cette base vieille de soixante ans que sont nées les pratiques discriminatoires régissant encore le traitement de la grande majorité des anciens combattants gurkhas. Certes, la rétrocession de Hongkong, le 1er juillet 1997, a contraint le MoD à une réévaluation des termes et conditions de service des Gurkhas (Terms And Conditions Of Service, Tacos). Le rapatriement forcé en métropole des quartiers généraux gurkhas cantonnés sur la presqu’île chinoise rendait difficile la justification de certaines « différences de traitement ». Comment accepter en effet que deux soldats servant côte à côte, dans une même caserne européenne, puissent recevoir des soldes radicalement différentes, autrement qu’en avouant une discrimination ? La normalisation devenait dès lors inévitable.

Cette refonte forcée des Tacos se limitera néanmoins aux soldats libérés de toute obligation militaire après cette date du 1er juillet 1997. En bonne logique, elle ne devrait nullement exonérer le gouvernement britannique de son devoir moral, voire légal, à l’égard de tous les Gurkhas qui, avant 1997, ont eux aussi servi les intérêts de la Couronne et ont consenti à de nombreux sacrifices. Si plus de six mille cinq cents décorations pour bravoure ont été accordées aux soldats népalais – parmi lesquelles pas moins de treize Victoria Cross (la plus prestigieuse récompense militaire britannique) ainsi que deux George Cross Medal –, les estimations font état de cent cinquante mille blessés et de quarante-cinq mille morts gurkhas depuis la création de leurs régiments, principalement au cours des deux guerres mondiales.

Un silence pesant entoure les conditions de retour extrêmement difficiles qu’il leur faut affronter au Népal au terme de services, souvent qualifiés d’exemplaires, rendus au gouvernement britannique. Et particulièrement les retraites, qui sont en moyenne quatre fois plus faibles que celles attribués au contingent britannique « de souche ».


Un retour prématuré perçu comme
une trahison et un échec personnel

On objectera qu’au Népal recevoir une pension, si faible soit-elle, constitue un « privilège ». Malheureusement, beaucoup n’ont même pas pu prétendre à ces subsides. Régulièrement, en fonction des évolutions géopolitiques et militaires, le MoD a réduit drastiquement ses effectifs. Ainsi l’armée s’est-elle débarrassée de la majorité de ses Gurkhas, et ne compte plus à ce jour qu’environ 3 % des effectifs de 1940 (soit moins de trois mille cinq cents soldats). Nombre de ces suppressions n’ont fait l’objet d’aucune négociation avec les instances népalaises. Le journaliste John Parker cite à ce propos le général Walter Walker, à la tête d’un bataillon de Gurkhas dans les années 1960, en Indonésie, réagissant à l’annonce du démantèlement de son unité : « Je l’ai appris au beau milieu d’une campagne militaire – je répète : au beau milieu d’une campagne militaire. J’ai naturellement protesté, particulièrement en apprenant que le roi du Népal lui-même, avec qui nous avions signé un traité, n’avait pas été consulté. Et que cela se passait derrière son dos (4). »

En conséquence, quantité d’hommes ont été renvoyés dans leurs foyers avec un état de service incomplet, bien loin des quinze années requises pour bénéficier de droits à une pension militaire. Une situation à mettre en parallèle avec celle des Anglais, qui, eux, peuvent y prétendre dès deux ans de service révolus (5).

Dès lors, une quantité importante d’anciens combattants népalais se sont retrouvés sans aucune ressource pour reconstruire une vie dans un pays qui présente des indices sociaux désastreux, trône au 144e rang sur 174 pour ce qui est du développement humain, selon le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), et n’octroie ni allocation-chômage ni assistance ou sécurité sociale à ces ex-soldats dont il n’a que faire.

S’ajoute souvent à ces désastreuses conditions matérielles la souffrance psychologique d’un retour prématuré perçu, sinon comme une trahison, tout au moins comme un échec personnel. M. Bim Bahadur Gurung, 61 ans, se souvient de l’annonce de son renvoi : « J’étais heureux de faire partie de la brigade mais, ce jour-là, j’ai eu l’impression d’avoir été utilisé. Je n’ai jamais demandé quelle pouvait être la durée du service dans l’armée quand on est venu me chercher au village. Quand un rêve devient réalité, on ne pose pas de questions. (…) Ma famille était si fière d’avoir un fils recruté dans l’armée britannique. J’avais réussi ! Je représentais un grand espoir pour elle… »

Les plus touchés, les plus vulnérables sont évidemment les anciens combattants de la seconde guerre mondiale – mais aussi beaucoup de soldats « écrémés » au tournant des années 1960-1970. Pour l’heure, et en attendant une hypothétique décision britannique de réajustement des pensions militaires et d’attribution de retraites aux soldats révoqués prématurément, seuls le soutien et la générosité populaires amoindrissent les souffrances des foyers gurkhas les plus touchés. Ainsi, en 1969, l’organisation non gouvernementale (ONG) Gurkha Welfare Trust (GWT) fut fondée et chargée de récolter des fonds auprès du public. Sa branche opérationnelle, le programme d’assistance sociale gurkha (Gurkha Welfare Scheme, GWS), procure localement une assistance financière et médicale aux plus démunis et met en place divers projets d’aide communautaire (constructions d’écoles, de ponts, etc.) (6).

Toutefois, cet organisme (de charité publique, rappelons-le) est curieusement associé au MoD puisque ce dernier couvre les salaires de son personnel et toutes ses dépenses administratives. De fait, le ministère britannique contrôle les ressources humaines engagées dans les vingt-trois bureaux locaux d’assistance (Area Welfare Office, AWO) qui composent l’arsenal de terrain du GWS. Plutôt troublant pour une ONG : toute une hiérarchie militaire répartie dans les équipes locales (capitaines, sergents, caporaux, etc.) rend des comptes, via la chaîne de commandement militaire, jusqu’au quartier général de Wilton, en Grande-Bretagne, dont le colonel (membre éminent du MoD) est également l’attaché militaire britannique à Katmandou. A Londres, le directoire du GWT ne compte, quant à lui, aucun Gurkha, ni même de Népalais, et se compose a contrario de six généraux et d’un colonel, tous britanniques.

On ne saurait dire si cette « ingérence » du MoD dans les rouages charitables du GWS est à mettre en rapport avec l’absence de textes clairs concernant les critères d’attribution des pensions, les distributions d’argent proprement dites et sa comptabilité de manière générale. On peut y voir une manière subtile pour le gouvernement britannique de redorer quelque peu son blason en supervisant une aide financière et en valorisant son image par des projets d’envergure… d’une utilité douteuse sur le terrain. Les témoignages abondent dans ce sens. A titre d’exemple, et sous couvert d’anonymat, un ex-soldat réagit à la réalisation de certains projets et à leur teinte très « british » : « Comment peuvent-ils déterminer, à l’autre bout du monde, sans réellement savoir qui nous sommes, ni comment nous vivons ici, la meilleure façon de gérer et de distribuer les dons ? » Loin de vouloir accabler un organisme qui lui offre un soutien, un employé de la GWS, ex-Gurkha, s’interroge lui aussi : « J’ai entendu certains administrateurs déclarer que 3 000 roupies mensuelles [environ 35 euros] sont largement suffisantes pour un ancien combattant et sa famille… J’aimerais qu’ils viennent s’en rendre compte sur place… »

Pénible à supporter eu égard aux efforts que doivent entreprendre les Gurkhas, chaque trimestre, pour percevoir cette « généreuse » allocation. Car c’est une véritable procession de plusieurs centaines d’anciens combattants qui se rend, quatre fois l’an, aux différents bureaux de la GWS, au prix de plusieurs heures, voire de plusieurs jours, de marche à travers un dédale de collines escarpées. Les obstacles sont parfois tels qu’ils contraignent les plus souffrants à louer les services d’un porteur…

Malgré toutes ces interrogations concernant sa gestion, le GWS concourt au versement de dix mille allocations mensuelles (d’un montant forfaitaire d’environ 35 euros) à destination d’ex-soldats ou de veuves qui ne perçoivent aucune pension militaire. Pour de nombreuses familles, c’est devenu la seule source régulière de revenus dans un pays touché par un chômage chronique, et où les zones rurales souffrent à la fois des conséquences de l’insurrection maoïste et des conditions climatiques difficiles (mousson, glissements de terrain, etc.). Au regard des besoins grandissants de ses pensionnaires de plus en plus âgés, l’organisme a également entrepris de nouvelles actions d’aide médicale. Ainsi, depuis 2006, trois médecins visitent périodiquement les villages excentrés pour proposer gratuitement consultations, soins et médicaments.

A ce jour, quarante-sept cas d’insuffisance rénale ont été recensés dans les rangs des anciens combattants, chacun faisant face à une échéance mortelle faute de pouvoir financer une transplantation. Le Népal n’étant pas équipé pour ce type de chirurgie, les patients doivent s’orienter vers les hôpitaux indiens. M. Tika Ram Gurung, à qui l’on a diagnostiqué une double insuffisance rénale, il y a deux ans, résume sa situation : « Les médecins recommandent une transplantation immédiate. Mais, à moins de récolter 1,2 million de roupies [14 000 euros] pour cette opération en Inde, ce n’est pas possible. Ma pension militaire représente seulement 11 500 roupies par mois [135 euros], ce qui n’est même pas assez pour une dialyse. Alors je prends neuf pilules par jour et je mange seulement du riz et du lait pour garder un taux de potassium au plus bas. C’est la seule chose que je puisse faire… »


Malgré sa Victoria Cross,
M. Pun voit son permis de séjour refusé

Ce genre de situation incite certains malades, attirés par des salaires et des possibilités d’emploi plus importants, à partir pour l’Inde. Au risque de voir leur état empirer du fait des conditions de travail rudes et précaires. Et les difficultés économiques sont devenues telles que ce type d’exode attire de plus en plus d’hommes sans réel problème sanitaire. La recherche de la stabilité financière prime alors sur l’union familiale (déjà mise à mal par des années de service dans l’armée). Dans de nombreux cas, ces anciens combattants choisissent une « seconde carrière militaire », plus lucrative cette fois, comme agent de sécurité pour des sociétés internationales basées sur des territoires en conflit, comme en Irak ou en Afghanistan. Non que la guerre soit un sacerdoce pour eux ; mais, dépourvus qu’ils sont d’éducation, la formation militaire britannique leur a au moins permis d’acquérir un savoir-faire qu’ils peuvent monnayer.

De fait, la grande majorité préférerait jouir d’une autorisation légale pour s’établir au Royaume-Uni, qui offre une qualité de vie bien meilleure et un avenir beaucoup moins risqué. Il ne leur semble pas illogique de penser que d’avoir combattu pour ce pays puisse faire naître de telles aspirations (7). Les formulaires pour un permis de résidence permanent (Indefinite Leave to Remain, ILR) affluent donc à l’ambassade britannique de Katmandou, malgré le coût exorbitant de la démarche (830 euros). Faisant fi de l’éventualité – en cas de refus – d’un non-remboursement de ce pécule épargné à force de longs mois de privation, ils espèrent encore et toujours qu’un beau jour la chance leur sourira… Mais la majorité de ces demandes sont rejetées. Motif principal et récurrent : les postulants « n’apportent pas d’éléments suffisants attestant de liens privilégiés avec le Royaume-Uni » !

M. Tul Bahadur Pun, 84 ans, est l’un des héros gurkhas décorés d’une Victoria Cross pour bravoure lors de la seconde guerre mondiale. Pour ne pas perdre définitivement la vue, il devrait subir une intervention chirurgicale. Le permis de séjour lui sera-t-il accordé ? Non. En mai 2007, le bureau d’immigration britannique rejette sa demande. Sauf que, dans ce cas précis, la décision, rendue publique, provoque la colère populaire : pendant le conflit, Pun a sauvé d’une mort certaine le grand-père de la célèbre actrice Joanna Lumley (8).

Il n’en fallait pas moins pour que le « cas Pun » soit relayé par la presse et que le public prenne conscience de l’ingratitude britannique envers un héros national. Sous cette pression, l’ordonnance est modifiée, et M. Pun, assisté de ses avocats et de la Gurkha Army Ex-Servicemen’s Organisation (Gaeso) (9), organise en juillet son départ vers le Royaume-Uni. Célébré dans la liesse comme une victoire. Comme une bataille remportée dans le long combat pour un traitement équitable.

Qualifiée a posteriori d’« exceptionnelle » par les autorités britanniques, l’issue de cette affaire ne peut cependant masquer les souffrances de milliers d’autres anciens combattants. Ces « oubliés de la Couronne » subissent les effets dévastateurs de discriminations basées sur l’âge, la « race », la nationalité, qu’on souhaiterait révolues. Sauf à revendiquer une mentalité demeurée… coloniale.

Cédric Bosquet.

(1) Lire William Dalrymple, « Il y a cent cinquante ans, la révolte des cipayes », Le Monde diplomatique, août 2007.

(2) Pendant cette période, ils combattent en Syrie, en Afrique du Nord, en Italie et en Grèce ; à Singapour et dans la jungle birmane (contre les Japonais).

(3) Le produit national brut par habitant était de 240 dollars en 2003 ; près de 80 % de la population vit sous le seuil international de pauvreté de 2 dollars par jour.

(4) John Parker, The Gurkhas. The Inside Story of the World’s Most Feared Soldiers, Headline Book Publishing, Londres, 1999, p. 258.

(5) Ian Macdonald, Hannah Rought-Brooks et Rebekah Wilson, The Gurkhas. The Forgotten Veterans, Gaeso, Katmandou, 2005, p. 64.

(6) En 2004, 48 % du budget a été attribué aux aides individuelles et 36 % aux projets communautaires, cf. http://www.gwt.org.uk

(7) D’après les lois internationales (et au même titre que les engagés dans la Légion étrangère française), les Gurkhas ne sont pas considérés comme des mercenaires, mais comme des soldats de l’armée britannique.

(8) Parmi les nombreux films, téléfilms et séries télévisées dans lesquels elle a joué, ses rôles les plus célèbres sont ceux de Purdey dans Chapeau melon et bottes de cuir et de la « déjantée » Patsy Stone dans Absolutely Fabulous.

(9) http://www.gaeso.org.np